Meditation Série
2022-2023
Immanence VIII, 2022
Huile sur toile, 97 x 130 cm,
Perceptions, NAG La réserve, Paris, France
Immanence III, 2023
Huile sur toile, 114 x 146 cm
Perceptions, NAG La réserve, Paris, France
Meditation Serie 2022-2023
Comment donner du sens à ce qui est réduit au minimum ?
Cette réflexion qui tourne en boucle dans la tête d’Alexandre Valette l’a poussé, au fil de ses collections, à épurer ce qui compose sa peinture : de la forme à la couleur, de la composition à la perspective.
Dans sa série intitulée Méditation, il se passe de tout sujet, de toute idée narrative pour se concentrer sur la lumière et l’idée du vide. Une remise en question sur l’interaction entre art et individu et une prise de conscience face aux enjeux majeurs et aux défis actuels pour revenir à l’équilibre personnel et la perception du soi.
Tout commence par la seule forme identifiable: le cadre répond ici à sa recherche; une couleur unique se dessine, déclinée en un spectre coloré par transparence. Le tableau s’anime. Une seule perspective en émane. Chaque élément se pare d’une complexité sensible: la forme floue et incertaine est composée par ce sfumato cher au jeune peintre. La lumière est double, triple…. vive et douce, naturelle et artificielle tel un halo vibratoire dont elle se fait écho. Les couleurs sont innombrables tout en fusionnant en une seule chromie. La perspective est à la fois frontale et indéfinie mais résolument tournée vers l’infini. L’œuvre devient inspiration mais aussi aspiration. La sensation d’être attiré et absorbé par la lumière centrale, ce phénomène nous embarque sans point d’attache auquel se raccrocher.
Au-delà des caractéristiques techniques, ses tableaux traduisent les recherches de l’artiste, de la quête du vide à celle du sens, de tous les sens. Fort inspiré par Lao Tseu et les écrits taoïstes, ses Méditations sont un appel à la lenteur, à l’introspection et la réflexion. Ce sont aussi de belles invitations à la découverte des univers propres à chacun et chacune, une intériorité nécessaire pour mieux saisir et vivre ce qui se passe à l’extérieur. « Plus on va loin, moins on apprend. » LaoTseu.
Avec cette nouvelle approche, le peintre suggère à celui qui regarde de se mettre complètement en état de silence. Se mettre en pause et voyager au gré de ses émotions et de ses sensations.
Il donne à voir sans rien raconter ni imposer. Il propose un espace de méditation - plus qu’un objet iconique ou une vision - offrant ainsi des conditions optimales pour une expérience physique et psychique. Il nous suggère de nous arrêter, de prendre conscience du moment présent. Dans la frénésie du quotidien, les peintures d’Alexandre Valette sont des respirations apaisantes, des bouffées d’oxygène, des fenêtres béantes sur un ailleurs. Elles évoquent une forme de vide, un espace-temps particulier à apprivoiser et s’approprier.
Le tableau devient enfin cette « fenêtre ouverte sur le monde » dont parlait Alberti, source de réflexion infinie pour l’artiste. C’est la « première fois qu’il arrive à donner forme à cette pensée source ».
Texte de Chantal Dusserre-Bresson
pour l’exposition Carte Blanche à la Galerie NAG
Février 2022
Immanence III, 2023
Huile sur toile, 114 x 146 cm
Perceptions, NAG La réserve, Paris, France
Immanence X.3, 2022, huile sur toile, 98 x 130 cm
Immanence X.1, 2023, huile sur toile, 114 x 146 cm
Photographie d’atelier
Immanence X.5, 2023
Huile sur toile, 80 x 115 cm
Meditation VIII, VII, V, 2022
Huile sur toile, chaque toile fait 114 x 146 cm
Carte Blanche, NAG Gallery, Paris, France
Meditation VIII, VII, V, 2021-2022
Huile sur toile, chaque toile fait 114 x 146 cm
Carte Blanche, NAG Gallery, Paris, France
Meditation XXVI, 2022
Huile sur toile, 120 x 150 cm
Carte Blanche, NAG Gallery, Paris, France
Immanence III, 2023
Huile sur toile, 114 x 146 cm
Perceptions, NAG La réserve, Paris, France
L’expérience que l’on fait de la lumière est double : d’une part, lorsqu’elle se dépose sur le monde ; d’autre part, lorsqu’elle se dépose dans nos yeux. Si, ultimement, la première n’est qu’une sous-catégorie de la seconde, il n’en reste pas moins que la manière dont notre corps les vit est radicalement différente. Ainsi, avant même de proposer quelque idée sur la lumière, il est judicieux de clarifier la partie de l’expérience qui en sera le sujet. Lorsque la lumière jaillit de sa source pour venir directement s’ancrer en nos pupilles, sans interruption de sa naissance à sa mort (peut-on d’ailleurs imaginer plus beau mausolée qu’un noir profond cerclé d’iridescence), c’est avant tout son intensité et sa couleur qui domineront l’expérience que l’on en fait. C’est ce à quoi notre corps va s’accorder, laissant notre iris révéler d’innombrables nuances lorsque la lumière l'inonde ; se creusant en abîme lorsque celle-ci vient à manquer. C’est en quelque sorte le troisième aspect essentiel de la lumière lorsqu’elle nous parvient pure : son action sur le corps.
Il est impératif que la lumière, lorsqu’elle est traitée à l’aune de son expérience directe, agisse sur moi, m’altère, me transforme. De même pour la lumière picturale qui doit, lorsqu’elle traitée en tant que source, exiger un accordage physique.
La lumière sur le monde propose une expérience différente, elle est comme une couche déposée sur les choses. Une peau supplémentaire dont la qualité est de rendre visible le corps du monde. Cette lumière est celle des contrastes radicaux. Alors que la lumière source est avant tout graduelle, de l’obscurité presque éteinte à l’absolu éblouissement (en fait, d’un aveuglement noir à un aveuglement blanc), la lumière-nappe révèle autant qu’elle exclue. Alors que la lumière-source élimine les frontières par irradiation, celle-ci offre la lecture du monde.
Peut-être devrions-nous porter notre attention sur les points de fusion de cette double expérience. Ainsi de la scintillation solaire lorsque la lumière se dépose sur la mer et divague mon regard. Dance en perpétuel changement entre tous les bleus et les éclats de lumière pure. Ainsi des percées lointaines qui déchirent les nuages et offrent au regard des colonnes de luminosité transparente, matérialité maximale du divin perceptible par l’humain : presque rien, mais colossale.
J’ai toujours été fasciné par la capacité du regard à se creuser pour capturer méticuleusement chaque particule de lumière. Dans les lieux les plus sombres, le temps devient notre allié, comme si notre pupille prenait soin à étendre sur chaque parcelle du monde qui la cercle, un filet de plus en plus fin jusqu’à ce que la moindre lumière soit perçue. La “lumière-moindre” représente l’extrémité obscure des expériences qu’elle propose.
Il est tout aussi nécessaire de penser la lumière dans son rapport temporel. Une des expressions les plus communes de ce rapport nous est donné par le ciel ou, plus précisément, par les étoiles. Lumières millénaires, traces d’un temps révolu, apparition surgissant dans le présent d’une absence qui, voilà des milliards d’années, existante, éclairait, traversait tout néant jusqu’à mon regard. Le ciel est parsemé de fantômes séculaires.
Enfin, distinguons la lumière naturelle - stellaire, magmatique, marine ou nocturne - de la lumière artificielle - néon, ampoule, flash ou stroboscope. Sans surprise, la première ouvre en nous une séquence de souvenirs plus ou moins heureux, là où la seconde renvoie à une forme d’inconfort, voire de rejet.
Considération sur la lumière
Texte de Aitor Gosende
Base théorique sur notre travail commun de peintre et d’auteur
Atelier au repos
Atelier au repos